Qui a vraiment volé l’orange du marchand ?

Il faut remonter un peu loin mais, en 1964, Gilbert Bécaud sort la chanson L’Orange. Elle raconte l’histoire de l’accusation d’un vol d’orange par un étranger, avec pour but de questionner sur le racisme. Puis c’est la Star Ac’ et son chanteur Michal en 2003 qui la remettent au goût du jour et en top vente des singles de l’époque.

Et pourtant… Depuis tout ce temps on ne sait toujours pas qui est accusé d’avoir volé cette fameuse orange au marchand. Marchand dont on ne connait d’ailleurs pas l’identité non plus. La chanson ne nous fournit d’ailleurs aucun indice… Merci Gilbert !

Eh bien, pour vous, après une enquête approfondie, j’ai retrouvé le coupable présumé de ce vol d’orange, et l’identité du marchand.

Pour connaitre ces identités, il faut se rendre à Agen (la ville du pruneau – un fruit, comme l’orange – comme par hasard…).

C’est dans cette ville qu’un 22 décembre 2005 (oui je sais, c’est après l’écriture de la chanson, mais il était visionnaire le Gilbert) a eu lieu ce vol d’orange maintes fois chanté.

Marie-Claude, agent de propreté, est surprise en train de voler une orange au rayon fruits et légumes d’un magasin Champion.

On a notre auteur présumé, Marie-Claude L., et notre marchand: Champion ! Le vol est affirmé par le directeur du Champion qui l’aurait surprise à 8h55, et confirmé par un client du magasin qui l’aurait vue mettre le fruit dans sa poche.

"Oui, c'est bien toi qui l'as volée
Y a quelqu'un qui t'a vu
"

Marie-Claude se défend: elle a ramassé un fruit qui se trouvait à terre et l’a mis provisoirement dans sa poche de sa veste, dans l’attente de pouvoir le jeter dans une poubelle.

"Vous... vous vous trompez
Je courais dans la montagne
"

Le client, le directeur et Champion maintiennent leur position et veulent licencier Marie-Claude.

"Tu vas voir, jamais plus tu ne voleras d'oranges
(Laissez-moi) tu la vois, elle est là (j'ai rien fait) la corde qui te pendra
"

Bon, la corde, c’était façon de parler pour Marie-Claude. N’empêche qu’on voulait lui faire passer un mauvais quart d’heure et qu’elle ne remette plus les pieds chez Champion.

Ce que ne dit pas la chanson de Gilbert Bécaud, c’est que la Cour d’appel d’Agen a tranché le 19 février 2008:
– le client de l’entreprise n’a pas vu Marie-Claude prendre directement le fruit sur un présentoir.
– Marie-Claude n’a pas été surprise en train de manger le fruit ou n’a pas été trouvée en possession de ce fruit alors qu’elle s’apprêtait à sortir du magasin.
– il existait donc un doute sur l’intention de Marie-Claude de dérober le fruit.

Son licenciement a donc été annulé. Tout est bien qui finit bien ! Dans cette chanson, on sait désormais qui était le marchand et qui était accusé de vol. On a voulu la pendre licencier, mais la justice est venue à la rescousse.

Vous savez maintenant tout de cette musique, (et qu’on ne licencie pas lorsqu’un doute subsiste au profit du salarié). Je vous laisse dorénavant pousser la chansonnette tranquillement…

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Sources:
Cour d’appel d’Agen – ch. sociale – 19/02/2008 – n° 07/00027

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